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14 bouts de bois, des barricades et quelques paroles sur la ZAD d’Arlon

Communiqué des Dodos

Scandez « zad partout », tant que les terres se goudronnent et que les arbres brûlent.

A la zad de la sablière d’Arlon, sous un arbre qui protège de la pluie, quelques phrases sautèrent à la tête comme des principes. Les journalistes sont déjà venus, la social-démocratie ne peut rien pour nous, et nos cœur réclament des justifications qui n’appartiennent pas à leur langage. Sachons dire un peu ce qui a les traits de notre puissance.

§1 Au royaume du monde marchand, les territoires sont aménagés selon les exigences du développement – les exploitants du vivant sont nombreux et il est bon de les reconnaitre.

§2 A chaque coin de ville et de campagne rôde le marchand et son fer dur de sable et de ciment. Il fait sien les bouts de terrain  qu’il convoite ; le grand projet et les milles projets de la société vendent la même réalité.

§3 Zoning, aéroport ; éco-quartier et autres faux semblant du durable… Leurs arguments ne convainquent pas. De leur discours suinte toujours l’ignoble règne de l’état marchand et de la propriété privée.

§4 De la nature et du vivant, il s’en accommode sans grande peine – sa courbe axiologique s’étend vers le mort. Le dégénéré dans sa brillance cristalline est sans cesse le produit fini d’une étendue en chemin vers son accroissement de l’artifice, du semblable, du vide, de la non-vie.

§5 Le règne géologique des territoires aujourd’hui, ce sont les insectes fossilisés dans le béton, et les arbres en pergola neuve chez monsieur le ministre.

§6 Soyons clairs : le marchand règne sur la non-vie, il mutile nos forêts, nos corps et nos esprits, et éprouve sa totalité dans le quotidien politique de nos sociétés.

§7 Nous sommes gouvernés par autrui – nos cœurs ne régissent pas nos actions, nos poumons respirent de l’air sale, et nous ne goûterons bientôt plus les forêts qu’à travers la télévision.

§8 Si ce n’est à de rares instants, nous n’avons sensiblement pas contact avec ce qui fait la qualité du monde vivant ; le quotidien éborgné se borne dans la triple entente « travaille, consomme, vote ».

§9 Mais à la lisière de quelques bocages et forêts, les pelleteuses et promoteurs ne rentrent plus. Les cravates rencontrent la nature armée qui sait se défendre.

§10 A Arlon, on a creusé, érigé, planté les barricades ; on n’a pas désappris la richesse de l’humus ; on a pensé qu’il ferait bon vivre ici et que, libertaires des bois, on saurait comment habiter le monde.

§11 On n’oublie pas qui sont nos ennemis, les expropriateurs du monde sauvage. Une intercommunale arlonaise achète 30 hectares de forêt à haut intérêt biologique pour en faire un zoning industriel. Ce n’est pas neuf ni singulier dans le monde du capital.

§12 Ce mode de développement systémique et généralisé s’en prend à chaque parcelle du monde et de la société – il agit à travers les têtes et on voit poindre sa mécanique jusqu’au plus près de chez soi.

§13 Réagir à chaque coin de rue où il veut apparaitre, ne pas le laisser atteindre son voisinage – le sentir parmi nous et ne pas tolérer son odeur. Nous voulons pouvoir respirer encore dans les espaces auxquels nous sommes attachés.

§14 Le monde marchand brutalise et trahit les liens affectifs. Que ce soit avec autrui, un espace ou un objet culturel. Il ne supporte pas le tranchant de notre vécu, et lui substitue, comme au reste du vivant, sa couverture homogène prête au calcul et au contrôle. Mais les racines sensibles de ce qui conserve notre amitié avec les arbres se dresse instinctivement contre la stupidité d’un zoning industriel.

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