Skip to content


Éloge de la presse sauvage ou comment les fleurs poussent sur le fumier

21 novembre 2020

Extraits de l’enregistrement

Tout cela pourrait commencer par un jeu d’enfant.

Petit déjà je me plaisais à l’école à bâtir de bric et de broc un journal fait par nous et pour nous. Rien n’est plus simple. Il suffit d’un bloc de feuilles et d’un peu d’imagination. Comme on nous a si bien appris ensuite à penser selon d’autres échelles, celle des puissants qui toujours parlent de la Nation, de l’Europe, du Monde — qui toujours disent : « L’intéressant n’est pas dans vos vies. L’exceptionnel est lointain. La magie ; ailleurs. » Et la presse de suivre elle aussi cette dépossession du territoire par la superposition de grandes entités institutionnelles par-dessus les villages de nos existences.

Mais tout ce qui se fait officiellement
peut se faire sauvagement.
L’habitat comme la presse.
Je voudrais vous parler de presse sauvage.

Dans le Sablier, journal de la ZAD d’Arlon et de ses ami.e.s on peut voir se côtoyer d’une page à l’autre des dessins d’enfants et de très sérieux communiqués. Des appels à l’émeute comme des éloges de la vie douce. La bande dessinée y laisse place à la chanson.
Cette diversité de formes et de tons donne à entendre la musique de ce territoire pleinement habité depuis plusieurs mois. Il en dessine aussi les contours.

 

Un texte de Jean SansTerre.
Lu par Sarah Joseph et Roland Devresse.
Une photo d’illustration de Sacha.