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L’avenir de la Sablière discuté au parlement wallon

Willy Borsus (MR), ministre wallon de l’Économie et de l’Aménagement du territoire a été questionné en commission le 9 février 2021 par le député Julien Liradelfo (PTB) afin de savoir s’il était favorable à ce que la Sablière ne soit plus classée comme Site À Réaménager (SAR) étant donné qu’il s’agissait d’un Site de Grand Intérêt Biologique (SIGB).

Voir la vidéo à partir de 1h 43m 30s

Fait intéressant, le député, dans sa question, formule à sa manière certaines de nos revendications : « intégrer les citoyens dans le processus décisionnel et laisser la ZAD à l’état naturel » (voir notre plaidoyer du 28 janvier dernier sur la page d’accueil de notre site web).

Voici donc en substance la réponse – tout à fait à côté de la plaque et biaisée – du ministre :

« Je m’insurge contre ce que je sens transparaître dans votre question, une espèce de vision réductrice où les ruraux seraient limités dans un certain nombre de projets, dans un certain nombre de gestion d’espaces ; et que l’on viendrait coller l’image nature, ‘’non surtout figez tout’’. »  Les Arlonnais.es, des ruraux ?! Défendre la nature, c’est tout figer ?!  Encore une fois, on essaie de faire passer les écologistes pour des réactionnaires, nous ne devons pas avoir la même vision du progrès.

Il rappelle ensuite que le site a servi de décharge (alors que cela ne concerne que moins de 0,1% du site !) pour en conclure qu’« on est loin d’une espèce de vision idyllique d’une espèce de paradis biologique terrestre que d’aucuns tentent de colporter (sic) ».

Alors que le député exprime au nom de son parti, solidarité et soutien à celleux qui défendent la Sablière, le ministre – qui ne peut espérer obtenir des voix chez les écologistes – déclare : « Je condamne totalement et sans réserve l’occupation de ce site ».  On n’en attendait pas moins du MR, merci pour le rappel.

Il poursuit en donnant la définition légale d’un SAR : « un bien immobilier ou un ensemble de biens immobiliers qui a été ou qui étaient destinés à accueillir une activité autre que le logement et dont le maintien dans son état actuel est contraire au bon aménagement des lieux. »  Donc, la Sablière serait un mauvais aménagement car la nature a repris le dessus sur l’activité économique …  La zone était industrielle et le redeviendra, c’est sa vocation « naturelle ».

Et le ministre de renchérir concernant les statuts légaux du site avec l’affectation de la Sablière, par la ville d’Arlon, en Zone d’Aménagement Communal Concerté Économique (ou pour être poli, ZACEE) qui destine donc le site à l’urbanisation. Dit plus simplement : tout peut être rasé.

Suit pour notre grand bonheur, la récitation comme dans un chapelet de la procédure légale au terme de laquelle Idélux peut entamer la destruction de la Sablière, bref le missel du parfait aménageur, truffé ici et là de « développement durable », « avis des citoyens » et « incidences environnementales », autant d’incantations dont l’objectif est … l’enfumage.

Enfin, que nous raconte le Sinistre sur le plan de la protection de la nature ? La Sablière n’a pas le statut Natura 2000, c’est donc la preuve qu’elle ne mérite pas d’être protégée ! CQFD ! C’est soit de la pure ignorance de sa part ou de la mauvaise foi. Dans tous les cas, ce type est tout à fait irresponsable.

Que retenir de tout cela ?

Que le statut de SIGB et l’« aménagement du territoire » ne font pas bon ménage, qu’il n’apporte absolument aucune protection (on peut toujours déménager les espèces menacées de ces sites, hein, comme entend le faire la DNF pour les papillons menacés d’extinction, en les mettant le long de l’autoroute –  vous avez bien lu -… et on est alors dans les clous de la loi !).

Que l’on ne fait pas que bétonner la nature ; mais que préalablement on bétonne des statuts d’affectation du sol, conçus pour continuer de faire comme on a toujours fait.

Qu’on se réfère constamment à ces statuts comme s’ils étaient imposés aux décideurs politiques et qu’ils doivent donc respecter parce que c’est la loi ; alors qu’ils les ont eux-mêmes élaborés pour justement pouvoir préserver les intérêts du système économique dont ils sont les valets, avec des procédures conçues de manière telle à créer une illusion de démocratie et de volonté de respecter l’environnement.

Que les sites Natura 2000 sont instrumentalisées pour donner – en cette 6è extinction de masse – un vernis de légitimité aux décisions légales par ailleurs de destruction du vivant. C’est vrai de quoi se plaint-on ? Des sites Natura 2000 ont été créés pour sauver la biodiversité !

On ne peut donc pas compter sur la loi pour protéger véritablement la nature.

Borsus ainsi que toute sa caste internationale productiviste et capitaliste sont dangereux : ils menacent l’avenir de la vie sur la planète. Et ils sont bien déterminés à figer le vieux monde.

Voir aussi une question posée sur le parc Léopold à Namur, à partir de 1h 53m 55s