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Il y a un an déjà, samedi le 26 octobre 2019, en réponse à un appel d’Arlonais.es à venir défendre l’ancienne Sablière contre sa destruction par Idélux–Magnus, des dizaines de personnes s’y rassemblaient pour un week-end : riverain.e.s, militant.e.s écologistes, gilets jaunes, citoyen.ne.s solidaires et animaux de la forêt rassemblé.es et déterminé.es à empêcher le bétonnage de ce Site de Grand Intérêt Biologique (SGIB) et sa transformation en zoning « artisanal ».
Ce rassemblement était la réponse logique face à la surdité des autorités aux revendications citoyennes, leurs interpellations et les près de 12.000 signatures d’alors à la pétition Contre la destruction de la Sablière d’Arlon, sa faune et sa flore.
Le lendemain, l’assemblée nouvellement constituée décidait d’établir une occupation permanente jusqu’à ce que le projet de zoning d’entreprises soit tout à fait abandonné ! La ZAD d’Arlon – alias la Zablière – voyait le jour, celui de sa victoire à venir.
Et nous l’avons alors déclaré : LE ZONING EST ANNULÉ !
Rapidement, nous avons lancé des appels à venir sur place pour des chantiers collectifs de construction de cabanes et pour résister à d’éventuelles tentatives d’expulsion par les forces du désordre ; ou à nous aider par des dons de matériaux, outils, nourriture, etc, (dont la création du groupe FB collecte zablière – zad d’Arlon)
Des appels aussi à destination d’organisations et collectifs pour marquer leur soutien à notre lutte. Les retours ont été importants et très positifs (comme ici, ici ou ici) renforçant notre détermination. Certains nous ont prêté.es main forte dès les premiers jours, comme XaR (Extinction Rebellion Arlon & région), le Biais Vert avec ses reportages dont celui-ci ou Irruption media.
C’est que nous sommes de plus en plus nombreux/ses – surtout depuis les marches et grèves pour le climat, et le mouvement des gilets jaunes – à avoir compris que les voies de contestation légales n’empêchent pas le système économico-politique de transformer tout espace de nature en planche à billets, avec l’accord de nos dirigeants ou même à leur initiative, comme c’est le cas ici avec le bourgmestre et son collège, et l’intercommunale Idélux.
C’est contre cette entreprise de bétonnage du vivant qui menace de disparition tant d’espèces, dont la nôtre, que nous nous battons ! Nous avons compris que tant qu’ils nous applaudissent, c’est qu’ils nous méprisent ; que nous avons déjà perdu trop de temps à demander aux pyromanes d’éteindre l’incendie ; et qu’ils ne nous laissent donc pas d’autre choix que celui de désobéir pour notre futur. A partir de ce moment, la seule croissance que nous supporterons sera celle des arbres et des enfants.
Alors que le GIEC – dont le bourgmestre et son collège prétendent adhérer aux conclusions – déclare qu’« il va falloir rapidement, radicalement, d’une manière inédite changer tous les aspects de notre société », la réponse des autorités a été en parfaite opposition à leurs prétentions : avis d’expulsion d’un terrain dont les travaux n’auraient lieu que dans quelques années ; campagne diffamatoire relayée par certains médias (par exemple, ici et ici) à laquelle le MR participa méchamment ; harcèlement, insultes et intimidations policières à plusieurs reprises (par exemple, ici et ici) ainsi que des arrestations illégales brutales (par exemple, celle-ci) ; etc.
Mais aussi et surtout, un état de siège (ici et ici) d’une semaine orchestré par la Sureté de l’État à la demande du bourgmestre Magnus, avec le déploiement hallucinant de moyens et d’effectifs policiers le 29 novembre contre une manifestation que nous avions préalablement et clairement annulée (ici, ici et ici !), les autorités cherchant à instaurer un climat de peur dans la population arlonaise et à nous discréditer, sur base de rapports bidons évoquant des menaces d’attentat … tout en prétendant souhaiter le dialogue !
Mais rien n’y fit, le soutien à notre lutte n’a fait que s’accroître. C’est que les Arlonaises et Arlonais ne sont pas dupes. Et ils subissent les décisions pseudo-démocratiques du collège de la ville, comme la construction d’« écoquartiers » par le bétonnage d’espaces de nature remarquables, le projet de zoning en plein SGIB, la construction d’un centre commercial tuant les petits commerces en centre-ville, des parkings, etc.
Et le comble, un projet de golf nécessitant la destruction de 220 ha de nature – dont 46 ha de zones humides riches en biodiversité – en puisant en catimini, pour arroser les pelouses du golf, dans un ruisseau nécessaire à la survie de milieux rares dont la restauration a été financée par l’Europe.
Il semble qu’il y ait dans le coin, une sorte de désinvolture d’un pouvoir devenu fou, qui souffre de croissancisme, bétonne, détruit, exproprie, et qui se lie en clan à seule de fin de régner et de fructifier.
A Arlon règnent effectivement les promoteurs, dont Idélux, une intercommunale opaque et anti-démocratique qui ne se finance que par les plus-values générées par le bétonnage de la nature. La ZAD est donc venue souligner l’arbitraire d’un pouvoir local et provincial, et cette folie destructrice du vivant.
Bref, les gens ont compris que nous nous battions pour eux aussi. Et que nous ne faisons que freiner à la mesure de nos moyens le désastre en cours.
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Au printemps dernier, des naturalistes sont venus répertorier végétaux et animaux qui y cohabitent. Plusieurs découvertes ont été faites qui ont permis de compléter le travail entamé depuis les années 2000. Ainsi, plus de 20 espèces disposant d’un statut de protection, ont été identifiées de manière scientifique sur la Sablière dont 11 sont sur la liste rouge et connaissent donc un risque d’extinction ! Ces espèces tombent sous le coup de règlementations environnementales wallonnes et européennes visant à la sauvegarde de la flore et de la faune.
Il s’agit notamment d’hirondelles de rivage, crapauds calamites, lézards des souches, tritons alpestres, tritons crêtés, pics noirs, alouettes lulu, rapaces, insectes pollinisateurs et plantes rares.
Les naturalistes le répètent : la Sablière, gérée et entretenue selon leurs conseils, procurerait un habitat à long terme pour les espèces les plus fragilisées par l’urbanisation galopante.
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Durant cette première année, plus de 20 évènements ont été organisés sur la ZAD, dont la diversité des formes et thématiques témoigne de l’approche globale de notre lutte.
En vrac : chantiers collectifs et formations ; jams littéraires ; balades naturalistes dans les bois ; ciné-débats ; écriture de chansons ; discussion sur des luttes menées ailleurs ; inauguration de la Zone d’Artisanat en Décroissance ; week-end féministe ; réflexions sur des enjeux collectifs telles la santé, la crise sanitaire, la mise en réseau des alternatives et la mutualisation de nos ressources pour faire pays dans le pays ; sans oublier fêtes, bals et open mics … Et la Zablière a publié son journal interne, Le Sablier.
Le point d’orgue a été l’Université DTR du Parti des Oiseaux en août visant à expérimenter le déconfinement du savoir – enfermé dans les universités officielles au services des puissants – pour produire des savoirs se rapportant à nos vies directement vécues, et ainsi s’émanciper de la domination et accroître notre liberté.
D’autres évènements ont eu lieu à l’extérieur de la Zablière telles des soirées de soutien ; ou encore, un Bureau de Recherche d’Investigation des Communs (Bri-Co) dans Arlon-même, organisé en collaboration avec les Actrices et Acteurs des Temps Présents durant deux week-ends, pour récolter des idées et propositions afin de réparer nos quartiers et nos villes, et les diffuser.
Une exposition sur la ZAD a été organisée à Bruxelles, avec la sortie du livre « A vol d’oiseaux. Poésie depuis la ZAD de la Sablière » du Conseil Volatile, édité par ‘le Mot : Lame’ ; et avec la première du documentaire-fiction sur la Zablière « Ici les oiseaux viennent pour chuchoter » de Guillemette Dür et Roland Devresse.
Nous avons également présenté notre lutte lors de plusieurs rencontres, comme à la Journée pour la Défense de la Terre, dans le cadre d’un appel international ; et participé et défendu avec force la ZAD lors d’un débat organisé par le MOC Luxembourg à Arlon sur l’avenir de la Sablière.
De nombreux chercheur/seuses et étudiant.es nous ont rencontré.es pour mieux comprendre qui nous sommes, nos motivations, et nos modes d’action et de fonctionnement.
Et nous avons répondu favorablement à des demandes d’interviews de médias mainstreams et alternatifs. Plusieurs reportages ont été réalisés (comme ici et ici) , avec en filigrane bien visible, la légitimité de notre combat.
Notre lutte ne se limite pas à défendre la nature mais porte également sur le respect de la vie humaine.
Ainsi, nous avons pleinement soutenu le mouvement de La Santé en Lutte, à la pointe sur la question de la préservation de l’hôpital public (la crise sanitaire a rendu leurs revendications évidentes) afin de ne pas laisser le secteur de la santé entre les mains de ceux qui veulent faire de nos vies des marchandises. Et nous avons dénoncé des meurtres racistes commis par la police en Belgique.
Enfin, nous avons répondu à la consultation publique sur l’enfouissement des déchets nucléaires menée par l’ONDRAF – responsable de l’administration du désastre nucléaire – en pleine période de confinement dans un cynisme à peine voilé, alors que les décisions prises auront des impacts pour les millénaires à venir !
Cette première année a donc été riche en actions et nous a permis d’élargir le soutien à ce combat pour le respect du vivant, et contre le vieux monde qui menace la survie de celui de demain.
La détermination reste sans faille et l’occupation continuera tant que le projet de zoning n’est pas abandonné !
Et rappelons-le : à l’exception de l’épisode de confinement sanitaire, la ZAD est restée et restera toujours un lieu ouvert, journalistes de bonne foi inclu.es (ACAB cependant) car elle appartient à tous.tes !
Au plaisir de s’y retrouver ou de s’y rencontrer !