J’irai au bois chanter la liberté.
En faire les louanges sans n’en rien omettre.
Sans taire ce qu’elle est : une incessante manière de se surmonter.
De mettre en danger ce moi que l’on voudrait souverain et libre,
que l’on voudrait individu ;
de le mettre en danger
jusqu’au vertige,
au malaise.
Les forêts savent combien la liberté est une affaire d’attachement.
Il faut commencer par se lier.
Ce qui est délié vole au vent et alors c’est le vent qui est souverain.
Il faut commencer par se lier.
Se lier.
A des gens.
A des lieux.
A des formes.
A des idées.
Se lier.
Contre la marée et l’orage pour rassurer cet arbre
que l’on ne veut pas voir tomber.
Lui dire : « je serai là, même après ta chute. »
Se lier à toutes ces choses dont on voudrait qu’elles nous constituent
qu’elles deviennent nous,
que l’on devienne elles
jusqu’au dérèglement de toute essence.
Se faire assez sorcier pour épouser toutes les tendresses.
Assez guerrier pour repousser toutes les complaisances.
Assez enfant pour dire « je t’aime ».
Assez soi-même pour dire « adieu ».
Faire de sa vie un jardin sauvage
pour y laisser pousser
paisiblement
qui l’on aime.
Grimper, encore, jusqu’aux cimes de l’illégal.
S’enfoncer, toujours, jusqu’aux racines des mondes.
ZAD partout,
jusqu’au bout de l’enfer.
Car c’est de l’usage que naissent les sentiers.