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Communiqué du S.A.R. – «Entamer la puissance. Se réduire à un lieu. Faire consensus. »

23 novembre 2019

Suite au communiqué de la ZAD de la Sablière concernant l’annulation de la Manifestation du 29 novembre à Arlon (ndlr : Marche des Luttes de Territoire), des organisations réunies pour l’occasion en Syndicat pour l’Autonomie Révolutionnaire tiennent à poser plusieurs questions ainsi qu’exposer plusieurs points.

-Situation-

« … Cette fois-ci, pourtant, je viens en tant que Dionysos victorieux, qui va mettre le monde en vacances … Mais je n’ai pas beaucoup de temps. »
Ce samedi 23 novembre 2019 probablement à l’issue d’une assemblée, quelques personnes présentes sur Zone ont unilatéralement décidé d’annuler la marche des luttes de territoire à l’occasion de la grève mondiale pour le climat. Nous nous interrogeons sur cette décision, qui, si elle concernait la ZAD, était portée par plusieurs organisations formelles ou informelles qui depuis le début mouvement gilets jaunes et du mouvement climat tentent d’aider à l’éclosion d’un mouvement politique qui dirait sans crainte des conséquences : « fin du monde, fin du mois ; mêmes responsables même combat ».
Notre participation à la ZAD, comme aux manifestations du 29 à Arlon et du 30 à Bruxelles sont des étapes vers ce but. Vers la formation d’un grand syndicat informel du vivant, propre à s’élever en tant qu’il est une force matérielle puissante contre cette autre force, technique, opaque, procédurière, assassine que sont les états, les partis, les intercommunales, les conseils et autres chambres d’enregistrement des désirs autonomes de la marchandise souveraine. Si les gilets jaunes ont très vite pris acte du réel, conduire une partie du mouvement climat vers des luttes écologistes concrètes s’est avéré plus compliqué. La ZAD a offert un foyer à ceux et celles qui sont des points d’intersections entre ces deux mondes. Elle a fait directement signe de la consubstantialité de la question écologiste et de la question sociale. Les grèves mondiales pour le climat ont surtout brillé par leur mépris de classe et par l’obscurité de leurs revendications. La ZAD fait redescendre sur terre. Comme toutes les luttes de territoire. Des ronds-points au Marais Wiels. Par ce communiqué le S.A.R. représente toute cette partie du mouvement ZAD qui souhaite, justement, qu’elle reste un mouvement.

-Souveraineté et légitimité.-
« Il y a des murs en nous, entre nous, qui sans cesse menacent.
Nous ne sommes pas quittes de ce monde. Il y a encore la jalousie, la bêtise, le désir d’être quelqu’un, d’être reconnu, le besoin de valoir quelque chose, et pire, le besoin d’autorité. Ce sont les ruines que le vieux monde a laissées en nous, et nous n’en sommes pas quittes. A la lumière de certains projecteurs, notre chute nous fait parfois l’effet d’une déchéance.
Où allons-nous ? »
En interne comme en externe la ZAD s’est jusqu’ici présentée comme un mouvement, dont l’occupation n’était qu’un des foyers de lutte les plus intense. Les appels à se réapproprier la lutte en fonction de ces envies, de ses angoisses, de ses manières d’agir et de sa positions sociale, visait, il nous semble, à faire de cet évènement, un antiseptique actif contre la dépossession généralisée. Dépossession de nos légitimités. Dépossession de nos souverainetés. Car toutes les questions de la décision se résument dans ces deux concepts. Quelle légitimité ? Où se trouve la souveraineté ? La question de la légitimité nous entrainerait trop loin et nécessiterait à elle seule d’être largement traitée. Nous l’évoquerons un peu plus loin. Posons d’abord succinctement la question de la souveraineté. En prenant la décision d’annuler la manifestation l’assemblée de la ZAD et les quelques personnes qui s’y trouvent ont de fait, et part le rapport de force, décidé que l’assemblée était souveraine. Nous prenons acte de cela tout en témoignant notre plus vif désaccord quant à cette décision. Nous ne croyons pas que les assemblées soient des organes démocratiques, neutres, fiables. Plus particulièrement lorsqu’elles ne se présentent pas sous leurs formes réelles, à savoir un organe délibératif et exécutif. Nous croyons que l’AG est l’invitation à toutes les hubris, à l’exacerbation des inégalités sociales, à l’installation d’un droit orale et coutumier qui n’est au final que le libre commerce des légitimés. Nous ne reconnaissons pas la souveraineté de l’assemblée.

Nous ne reconnaissons pas la souveraineté de l’assemblée. La ZAD ne se permettrait de dicter de sa conduite à Extinction Rébellion Arlon. Qu’elle fasse de même pour ses autres composantes.

-Mouvement ou occupation ?-
« Ce qui doit être aboli continue, et notre usure continue avec. On nous abime, on nous sépare. Les années passent et nous n’avons rien changés. »
Ce que ce geste signifie, c’est que la ZAD se place de fait comme simple occupation. Et en tant qu’occupation, comme celle qui distribue les mots d’ordres centralisés depuis la Sablière. Ce faisant, elle résume son champs d’action au local, et par cela, se transforme en simple avatars des polémiques du coin. Cédant même aux grognements apeurés d’un bourgmestre qui a allégrement nié ses administré puis, s’est enquit de répondre au rapport de force qu’à constituer la ZAD, avouant par cela même qu’il ne comprenait que le rapport de force. Ainsi, puisque le local prime, les maladies sociales et contagieuses qui parcourent toute communauté dans les moments d’intense circulation des affects prennent le pas sur la réflexion stratégique. On donne des gages au conseil communal. On donne dans la co-gestion au premier cri du patriarche. On fait dans le consensus.

-Ils ne comprennent que cela-
La ZAD est un rapport de force, la manifestation du 29 s’ancrait dans un week-end de luttes, qui de Arlon à Bruxelles, visait à la constitution de cette force matérielle propres à enrayer la machine. La ZAD par le biais de ces quelques personnes a donc décidé de ne pas entrer en convergence avec cette tentative. Nous le regrettons. Nous regrettons d’autant plus la mutilation de notre puissance commune. Nous regrettons aussi qu’à travers ce communiqué la ZAD semble presque en faire passer les organisateurs pour des casseurs. Ce faisant la ZAD à céder à la propagande communale, au venin d’une rumeur insultante qui visait justement à nous décrédibiliser.
Si nous continuons de soutenir la ZAD, nous prenons acte jusqu’à discussion collective de cette nouvelle localisation de la souveraineté qu’à entrainée la construction de légitimité depuis l’occupation et agirons en conséquence à l’avenir. Pour tout dire nous commençons à avoir l’habitude.

Le zoning annulé.
La marche aussi.
Tout brûle encore.
Le présent est perdu.
Les règles sont changées.
Pourtant tout brule encore.
Mais en vrai, la ZAD est partout …?

Divers collectifs, individu.e.s, ami.e.s, réunis pour l’occasion en Syndicat pour l’Autonomie Révolutionnaire.