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Arlon : les zadistes surveillent «leur» territoire

Article de Jean-Luc Bodeux paru dans Le Soir du 26 janvier 2021

Ambiance un peu particulière et tendue ce mardi autour de la ZAD (zone à défendre) d’Arlon, la fameuse « zablière » de Schoppach que l’intercommunale Idélux, dont le siège social se situe juste en face, souhaite reconvertir en parc d’activités économiques dans les années à venir.

Sur leur page Facebook, les zadistes avaient en effet annoncé que leur expulsion serait opérée ce mardi 26 janvier, et avaient appelé à venir en masse défendre « leur » territoire. Le bourgmestre Vincent Magnus avait alors, pour tempérer l’ambiance, clairement dit qu’il n’en serait rien. Il est vrai que la situation sanitaire n’est pas le moment le plus propice pour faire évacuer une telle zone, ce qui ne se fera a priori pas sans affrontements et contacts très rapprochés. Et le maïeur a pris dans la foulée un arrêté de police valable jusque fin du mois, interdisant tout rassemblement de plus de 4 personnes.

Un guet permanent

Mais ils étaient une bonne quinzaine ce mardi en début d’après-midi, tous et tout de noir vêtus, masque et cagoule ou bandeau autour des yeux, dressés devant l’entrée « officielle » de la zablière avec un mur de treillis et de piquets colorés. Chaque voiture qui passait sur cette route de sortie d’Arlon, qui surplombe l’autoroute E411, était minutieusement scrutée pour tenter d’y déceler un quelconque indice en lien avec une activité policière. Sur la falaise qui fait face à Idélux, des silhouettes noires montent également le guet.

S’il y a bien eu en fin de matinée un peu d’activité policière aux environs de la carrière de Schoppach, une surveillance un peu plus forte que de routine, on en est resté là. Selon nos informations, les zadistes n’ont pas non plus été avertis par huissier qu’il y aurait bien expulsion, ce qui doit être fait légalement 5 jours avant l’opération. La ZAD restera donc ZAD pour un certain temps encore…

Une carte blanche de soutien

Ce lundi, en guise de soutien, Gauthier Chapelle et Pablo Servigne, ingénieurs agronomes et auteurs in-Terre-dépendant, ont par ailleurs écrit dans les colonnes de notre consœur de la Libre, une carte blanche de soutien à la zablière de Schoppach, cosignée par une cinquantaine de personnes, des citoyens comme des médecins, des universitaires comme des philosophes ou des anthropologues.

Ils y rappellent qu’il « est nécessaire de faire de ce lieu, symbolique et réel, un terrain respectueux du vivant et de l’avenir. Suite aux rumeurs, fondées ou non, d’une expulsion possible des zadistes ce 26 janvier, nous avons voulu nous joindre à l’élan de celles et ceux qui se mobilisent pour enrayer cette nouvelle atteinte au tissu du vivant et encourager un autre rapport entre citoyens et politiques. Et à leurs côtés, nous voulons (re)dire en quoi cette menace de destruction de deux communautés est à la fois absurde et opposée au sens de l’Histoire. (…) Ils s’organisent, se rencontrent, s’impliquent, tentent de freiner illégalement la destruction légalisée du vivant, s’interrogent sur l’incompréhensible irresponsabilité de leurs aînés, expérimentent l’entraide, tissent des réseaux, inventent le monde d’après. Celles et ceux de Schoppach, vont-ils se faire dégager comme des objets encombrants, parce que freinant la marche destructrice d’une culture devenue autiste ? Vont-ils encore ressentir leur colère augmenter face à la réaction de rejet hautain (voire violent) de la génération la plus émettrice de gaz à effet de serre ? Vont-ils avoir réponse à ce qui est en train de devenir la question de leur génération : l’illégalité est-elle la seule voie pour démontrer ce qui est le plus juste étant donné les urgences d’aujourd’hui ? (…) »